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LES COMITADJIS

tiers où les chèvres elles-mêmes se rompent les os, dans une grandiose solitude, au tombeau du Bien-Aimé, d’Alexandroff, le haïdouc immortel.

Sans cesse, le comitadji est présenté aux foules. Qu’allez-vous trouver sous votre porte en rentrant chez vous ? Un prospectus ? Non ; baissez-vous, cela vaut la peine d’être ramassé. Ce sont les ultimes adieux de Cyrill Gregorov, fusillé à Chtip. « Comme Christ, je meurs, moi aussi, sur le Golgotha, le Golgotha de ma race, en appelant la Macédoine libre. » Que font connaître les journaux de Sofia ce matin ? Que le vieux Macédonien Kosta Itcheff n’a pu attendre davantage pour revoir Okrida, sa ville natale. Aussi, afin que son désir soit exaucé, vient-il de se suicider. Ce que les Serbes refusent à lui vivant, oseront-ils le refuser à son cadavre ?

Trempant la réalité dans le bain de la légende, une revue, la Publication illustrée, relie le présent au passé. Sur la couverture, en cul-de-lampe, le couple allégorique : la Macédoine et le comitadji. La Macédoine, ayant brisé ses fers, peut enfin lever les mains : aussi son premier geste est-il d’offrir une couronne à son homme, un comitadji moderne coiffé d’une casquette de cycliste. Mais c’est à l’intérieur que c’est joli ! De 1893 à 1931, de Péré Tocheff à Ivan Mikaïloff, c’est la grande parade.