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LES COMITADJIS

d’une musette remplie de bombes, c’est un œil que l’on poste au détour d’un sentier.

Un voyageur se demanderait en les voyant : « Que font-ils, ces gars-là, qui ne font rien ? »

Les habitants de Svetivratch, eux, les connaissent.

Voilà vingt hommes qui partout ailleurs, hors la loi, seraient forcés de se cacher ; ici, les fruits de la terre et la lumière du ciel, tout est pour eux. Ils attendent, tranquilles, l’heure de leur destin.

Ce sont les pistons de la machine terroriste.

Regardez celui-ci. Il tira, naguère, sur un avocat, adversaire de Vantché, et le tua. Il vivait, depuis deux ans, dans le quartier macédonien de Sofia, faisant chaque jour gratuitement ses provisions. Était-il désigné comme suiveur ? on le voyait marcher dans les rues de la capitale, cinq pas derrière un personnage. Ses heures inemployées il les passait dans les cafés de la bande ; devant un pyrogène vide. Les soirs, il s’asseyait au cinéma Ardo. Il n’en demandait pas davantage. Mais le doigt du sort se posa sur son épaule. Et le jeune homme abattit un inconnu. Le voici, aujourd’hui, rentier provisoire, dans un village de la montagne macédonienne. Que pense-t-il de son histoire ?