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LES COMITADJIS

d’alors purent voir le ministre de la Guerre de Sofia, à la tête d’un régiment de réguliers, haranguer les haïdoucs. Ce n’est pas un tableau sans intérêt, mais c’est de la vieille peinture. Aujourd’hui, l’art est ailleurs. Kustendil est promu, cette année, centre universitaire de terrorisme. Les meilleurs professeurs d’attentats y ont transporté leurs chaires. On y prépare en particulier des attaques contre l’Orient-Express. Et voici, réunis dans ce café, tous ces maîtres de l’explosif. Comme ils sont gentils ! Ils se lèvent pour me recevoir. S’ils l’osaient, je sens qu’ils me diraient à l’oreille : « Un conseil, ne voyagez pas sur la ligne européenne en août et en septembre ! » Je pense rentrer le mois prochain, laissai-je échapper au cours de la conversation ; est-ce un bon mois ? L’aîné de la bande réfléchit et répondit : « En effet, c’est un bon mois. » Cela prendra place dans mes mémoires au chapitre : « De l’utilité d’avoir des relations. »

Regardez ces quatre vieillards assis sur ce banc, à l’entrée du cimetière — nous sommes à Bansko, — ne semblent-ils pas des bourgeois goûtant les joies d’une douce paix ? Ce ne sont pas d’anciens fonctionnaires vivant de la reconnaissance de l’État, mais quatre chefs de bande en retraite.