Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LES COMITADJIS

— Georghi Ismerliew, pendu par les Turcs, juste sous cette fenêtre.

— Et cet autre, avec son fez ?

— Mitchi Markoff, pendu par les Turcs sur le pont de la ville.

— Et ce monsieur, avec cette belle redingote ?

— Pendu également.

Le maire arrêtait son doigt sur chacune de ces gloires macédoniennes : « Pendu ! Pendu ! Pendu ! » C’était le musée des pendus. Un frisson sillonna mon cou.

— Avez-vous la fièvre ?

— La gorge un peu serrée seulement, mais ce n’est rien, l’influence du milieu…

L’histoire de ce pays explique sa situation extraordinaire. D’un côté, les souvenirs du passé, de l’autre la provenance de sa population. Les trois quarts des habitants de Gorna-Djoumaya sont des émigrés de la Macédoine serbe. Ils ont quitté leur maison natale parce qu’ils luttaient dans la Macédoine serbe comme luttaient leurs aïeux dans la Macédoine turque. Tous ces vieux pendus, ces pères de l’Indépendance ratée leur parlent donc un langage qu’ils ont compris à temps… Arrêtez les citoyens dans les rues et demandez-leur des nouvelles de leur famille, vous entendrez : « Mon père a été pendu, mon oncle