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LES COMITADJIS

porte — et ils reviendront ici vivre la bonne vie. Donc, peu de risques. Cependant, il est si doux de ne rien faire !

Les exécuteurs sont désignés. Les noms volent. Miracle de la discipline, ils ne volent que là où ils doivent voler. L’aile indiscrète ne dépassera pas d’un centimètre le cercle de la conspiration. Mais là, elle passe et repasse. Le poids qui pesait sur le cœur de tous est levé. Ils ne sont plus que quatre ou six à redouter l’avenir. Les cafés s’animent. Les visages se rapprochent au-dessus des tables. On entend : « C’est Un Tel, Un Tel et Un Tel. » Dès qu’une silhouette inconnue louvoie autour de ces portes, les bouches se ferment, cousues.

Les futurs assassins ne se récuseront pas. Désormais, ils n’auront la vie sauve que s’ils tuent. Si tragique que soit le dilemme, il est résolu d’avance : tu tueras ou tu seras tué. Ils tueront.

Mais quand ? mais comment ?

Ces innocents insensiblement conduits devant le meurtre n’ont jamais vu Thomalewski ni Bogdaroff. Ils ne sont pas du même monde. Il va falloir procéder à la cérémonie dite de présentation. C’est ici une phase des plus délicates.

Vous pensez si les condamnés se gardent. Thomalewski passe dans les rues de Sofia, au milieu de dix suiveurs, cinq de chaque côté, en éventail et, du