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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

faut de l’argent. Quand tu seras bien capable tu deviendras ma femme. En attendant je vais te doubler (prendre une deuxième femme).

On m’avait signalé une occasion. L’occasion n’était pas très jolie. Une vieille, trente ans ! J’allai dessus. Je m’arrangeai. Elle était de bonne volonté, mais d’une paye médiocre. Enfin, attelé à deux j’avançais plus vite. Je constituais le capital pour le voyage à Buenos-Aires.

Un jour j’eus ce capital.

Adieu la vieille ! À moi la jeune ! L’ancienne ouvrière en casquettes et le faux électricien prirent enfin le grand bateau.

— Monsieur, regardez cette ville…

De notre quinzième étage, Buenos-Aires s’étalait.

— J’y débarquai avec une livre, six pences et ma petite femme. Mon histoire est celle de chacun de nous, elle peut servir d’exemple. Est-ce bien ce que vous voulez ?

— Parlez donc !

— Je ne connaissais personne. Aujourd’hui nous sommes mieux organisés. J’avais cependant une adresse d’hôtel. Alors me voilà parti dans les maisons, offrir ma marchandise. C’était encore le temps magnifique des grandes maisons. Dix-huit ! vingt ! vingt-cinq femmes ! Complet partout ! Je commençai à sentir du vide dans mes espérances. L’hôtelier