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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

à la réapparition de M. Poincaré Raymond. Ils lui accordaient leur confiance. C’est comme je vous l’affirme.

Ces anarchistes détestent le désordre. Leurs goûts sont effrontément bourgeois. Ils raffolent des pantoufles, des parties de cartes, de la chasse, de la pêche à la ligne. Leur rêve est une maison de campagne sur les bords d’une eau douce.

Ils veulent avoir cela sans travailler. Ils n’ont pas la peur du travail, ils en ont le mépris. Ils traitent de « demi-sel » ceux des leurs qui font un second métier. Si ces derniers travaillent dans la limonade ou le restaurant ce sont des « ragouts ». Il n’y a pas plus bas !

C’est la seule caste de la société qui ait eu confiance dans l’avenir de la fainéantise. Ces novateurs se sont dit, avec l’Ecclésiaste, que le travail étant la punition de l’homme, ils ne travailleraient pas. Pour eux, la question est d’honneur. S’ils ne font rien ce n’est pas uniquement par paresse, c’est tout juste pour la même raison que l’honnête homme ne vole pas, afin de ne pas avoir des remords de conscience.

Telle est la signification qu’ils donnent au mot « voyou ».

Dans leur idée, ce mot est une parure.

Voulez-vous flatter l’un d’eux ? Tapez-lui sur