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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Je n’ai pas cru devoir dormir en paix sur le doux lit de la loi.

J’ai pensé qu’il était louable de prêter une voix, si faible fût-elle, à ceux qui n’avaient plus le droit de parler.

Suis-je arrivé à les faire entendre ? Pas toujours.

Ceux qui vivent sans chaîne, sans contrainte, ceux qui mangent tous les jours font un tel vacarme pour leur propre compte qu’ils ne perçoivent pas les plaintes qui montent d’en bas.

Quand on leur demande un peu de silence, ils répondent qu’ils n’en ont pas le loisir.

Ils croient même qu’ils n’en ont pas le devoir.

Si je me trompe, je préfère me tromper à ma façon que de ne pas me tromper à la leur.


Il s’agit aujourd’hui d’une vieille question qui fait plus souvent sourire que frémir.

Ce sourire ne devrait pas être de rigueur.

À la base de la prostitution de la femme il y a la faim.

Il ne faudra pas perdre un instant ce point de vue là.

S’il n’y avait pas la faim, il y aurait encore des femmes à vendre. Il y aura toujours des femmes à vendre tant qu’il y aura des hommes pour les acheter. Et l’on verra la fin du monde avant de voir la