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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

prit. Il l’installa provisoirement dans un grand hôtel. Je n’y voyais pas d’inconvénient, encore. Je m’aperçus bientôt que la môme changeait. Une femme, ça ne peut pas supporter une haute situation sans perdre la tête !

Le timbre de l’entrée retentit une troisième fois.

— Je sentis que le monsieur voulait se débarrasser de moi, me voler ma propriété, quoi ! Mais la petite s’opposa à mon expulsion. Le luxe ne lui avait pas encore fait perdre tous ses bons sentiments.

Il lui acheta une villa dans l’avenue principale. Savez-vous ce qu’il inventa ? Il m’interdit de passer dans cette avenue. J’étais libre, je pouvais me promener dans tout Valparaiso, excepté dans cette avenue. Dès que les flics apercevaient ma silhouette du côté de l’avenue, ils me faisaient faire demi-tour. C’était une rue barrée uniquement pour moi. Connaissez-vous un autre homme qui ait eu une histoire pareille ? Comment trouvez-vous ça ?

— Magnifique ! et digne d’être fêté.

Je tendis mon verre. On me le remplit.

Le timbre de la porte retentit une quatrième fois, … puis une cinquième.

Je bus. On but.

… puis une sixième.

— Bon Dieu ! fit Lulu, on n’a jamais vu des