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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Il n’est pas un Polak de Buenos-Aires qui n’ait cinq ou six femmes. Sept. Huit !

Pourtant ils ne sont pas aimables. Ils ont refusé deux jours de suite de me servir à boire dans leur café de Talcahano. Je n’ai pas bu. C’est tout ce qu’ils ont gagné. Et comme ils ne m’ont pas crevé les yeux, j’ai bien regardé.

Ils vivent sous une discipline acceptée et servile. Aucun étranger du même milieu, pas plus un Français qu’un Martigues, qu’un Créolo — celui-là est encore une autre espèce. Je le garde pour la bonne bouche ! Aucun n’a jamais pu pénétrer dans leur église.

Il y a le chef. C’est un pape. Ses décisions ne se discutent pas. Quand il lance une bulle… c’est à qui l’attrapera ! Il y a le sous-chef, le secrétaire d’État, quoi ! Chaque province : Rosario, Santa-Fé, Mendoza a son club. Le club a son président, et le président son vice-président. Tout cela soumis à l’autorité du lanceur de bulles !

Il désigne les hommes qui partiront en remonte là-bas ! Du Rio de la Plata à la Vistule ! C’est lui qui distribue les « maisons ». C’est lui qui décide des mariages : Un mari meurt, sa veuve gagne bien sa vie, il donne la femme à un lieutenant de son choix. Mais le lieutenant versera une forte offrande au tronc de l’Église. C’est lui qui, régulièrement,