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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Je m’assis. La statue étant très haute, je la voyais du banc. Je la regardais. Un coup de bâton s’abattit sur le bord de mon banc. Je sursautai. C’était un nouveau vigilant. Il me faisait signe de m’en aller.

Peut-être n’a-t-on pas le droit de regarder la statue ? En Amérique, il existe des choses comme ça ! Il peut y avoir danger de mort ! Je me levai et, pour éviter toute infraction aux lois argentines, je partis en tournant le dos au général Alvéar.

Quel beau ciel ! Ah ! les veinards ! Tout le monde devrait être aimable sous un climat si tendre. Comme un pauvre que l’on a déjà chassé deux fois, j’avançais, sans arrogance. Un nouveau banc. Je me retournai. On me voyait presque plus la statue. Je pouvais m’arrêter. Je m’assis tout en prenant grand soin de ne pas tourner la tête du mauvais côté. J’étais en train de dire : ce ciel est aussi léger que celui d’Athènes quand un troisième coup de bâton brisa ma poétique pensée.

Dieux ! vous qui voyez les choses de haut, dites-le-moi : que leur ai-je fait ?

Ils ne voulaient déjà pas me laisser débarquer. Tant que je marche, ils ne me disent rien. Mais ils m’interdisent de m’asseoir. J’ai peut-être la gueule du Juif-Errant ?

Je traversai l’avenue. La défense qui m’était