Page:Londres - Le Juif errant est arrivé, 1930.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
le juif errant est arrivé

leur poitrine. Nous arrêtions-nous ? Ils nous entouraient comme si nous avions été un brasero, puis soudain ils se dispersaient, craignant sans doute d’être brûlés.

La plus folle collection de têtes que des épaules eussent jamais portées ! Des Neptunes, des patriarches, des Rembrandts, des boucs, de jeunes et de vieux vautours, des chevaux à barbe, des Raphaëls ! Quelques-unes de ces têtes semblant sortir des nuages, quelques autres d’une boîte à diable ! Du Paradis terrestre au Jardin d’acclimatation !…

— La maison du rabbin ? demanda Salomon.

Nous précédant, mais à distance, ils nous firent signe de les suivre.

Un pan du toit de la maison du rabbin était parti au gré du vent. Nous entrâmes dans une étable : deux moutons, deux petits enfants, cinq plus grands portant déjà des papillotes, une femme-squelette, un oiseau noir, sans cage, grelottant sur le dossier d’une chaise.

Le rabbin était absent, parti pour la Roumanie… mendier ! La misère de ces nids est telle que, pour mendier, les affamés doivent aller à cent kilomètres. Sur place, on ne mendie pas : tout le