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le juif errant est arrivé

par un haut bonnet d’astrakan gris, entra, portant dans le dos une espèce de cercueil d’enfant. Il posa sa boîte, l’ouvrit et en retira un perroquet. Il mit l’oiseau sur son avant-bras, prit une sébile dans une main et, de l’autre main, tourna la manivelle de son cercueil à musique. C’était l’un de ces troubadours de la neige si chers aux pays slaves, un joueur de charmantka ! Sa chanson moulue, il m’apporta le perroquet. La bête piqua du bec dans la sébile, saisit un bout de papier et le laissa choir dans mon assiette sans joie. C’était ma bonne aventure en petit-russien. L’homme-pain de sucre nous déroula une autre chanson. Cela fait, il me ramena la bête. Cinq minutes plus tard, il repassait le volatile sous mon nez. C’est alors que je lui dis :

— F… moi la paix avec ton perroquet !

Aussitôt je vis les oreilles des buveurs de thé se dresser dans ma direction. Leurs regards, au son du français, se frappèrent d’étonnement. Ils échangèrent quelques paroles. Puis l’un se leva, le rouquin, et, précédé d’un sourire contenu, il me demanda si je venais de Paris.

— J’en viens ! répondis-je.

Il fit signe à l’autre, un brun. Ils s’excusèrent de la curiosité qui les animait, mais ils n’avaient