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le juif errant est arrivé

ongles usés, ils ne peuvent remonter, sauvage misère !

C’est là, dans ces pays, sur le ciel bas, qu’un jour, une lanterne magique a projeté la Terre Promise. Une nouvelle Terre Promise, non plus la vieille, toute grise, de Moïse, mais une Terre Promise moderne, en couleur, couleur de l’Union Jack ! Le Juif errant est tombé en arrêt. Qu’il était beau, le pays qu’on lui montrait ! Du soleil ! Des oranges ! Des bois pour construire la maison !

— Voyons, s’écria-t-il, comme autrefois Sanaballat au temps d’Artaxerxès, que faites-vous, pauvres Juifs ? Rebâtissez-vous sérieusement Jérusalem ? Pourrez-vous refaire de ces monceaux de poussière les pierres qui sont brûlées ?

— Tu l’as dit, répondit un Anglais à cheveux blancs.

— Es-tu Artaxerxès dit Longue-Main ? demanda le Juif errant.

— À notre époque, répondit l’homme aux cheveux blancs, ce n’est plus la main, c’est le bras qui doit être long. Je suis Balfour dit Long-Bras.

Alors le Juif errant dit au lord :

— S’il semble bon au lord et si votre serviteur vous est agréable, envoyez-moi en Judée.