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le juif errant est arrivé

vos balles : une pour votre femme, trois pour vos enfants, une pour une parente, une autre pour vous. Vous aviez neuf cartouches en tout. Il vous en restait trois pour vous défendre. Votre résolution était prise. Pendant ce temps, à la sortie de Tel-Aviv, les Arabes égorgeaient votre beau-frère, le jeune Goldberg, qui se portait au secours de deux Juifs isolés dans une orangerie. Je vous ai retrouvé un peu pâle, mais sans regret d’être citoyen palestinien. Êtes-vous heureux ?

Et vous, là-bas, dans les campagnes, Lithuaniens, Ukrainiens, Bessarabiens, Bukovinois et Galiciens, pourquoi seriez-vous nostalgiques ? Travailler la terre dans la plaine d’Esdrelon n’est certainement pas le comble de la félicité. Il y fait chaud, les mouches sont voraces, aucun espoir d’un filon d’or, mais aussi d’où veniez-vous ? Étiez-vous plus heureux sous le joug des Européens ?

La place de Tel-Aviv est moins bonne pour le commerce que les places de New-York, de Londres, de Constantinople, de Paris ? Quelle découverte ! La place de Lwow était-elle meilleure ? Et celle de Kovno ? Faisiez-vous tous de bonnes affaires à Berdichef ? à Jitomir ? à Tarnapol ? à Kichinev ? Pauvres ici autant qu’ailleurs ? Peut-être !