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le juif errant est arrivé

merveilleux. Celui-ci, pour être juif, a traversé la Russie, la Sibérie, la Mandchourie, la Chine — à pied ! Il partit comme une flèche, ne prenant pas garde au plus court chemin. Il en vint du Canada, du Chili.

L’odeur de la Terre Promise ne trouble pas seulement les va-nu-pieds. Ces messieurs qui rôdent par le pays, l’âme chavirée, regardez-les ; ce sont des millionnaires. L’un arrive de Pologne ; il est le grand usinier de Lodz ; douze mille ouvriers sont sous ses ordres ; c’est Oscar Kohn. Voyez combien il est ému. Il était venu pour quinze jours ; il ne peut plus s’en aller. Il cherche de l’eau. Il veut en trouver. Après, il installera ses filatures ici. Le poème juif grisant le puissant industriel, quelle étrange fable ! Les frères Polak, de Moscou, autres magnats, ont écouté la même chanson ; ils moulent de la farine au son de l’idéal !

Des peintres, des hommes de lettres, des musiciens, des acteurs… Mais le fond de la troupe vient des troupeaux de Lithuanie, d’Ukraine, de Bessarabie, de Bukovine, de Galicie.

Sont-ils heureux ? Comment vivent-ils ? Dites-nous leurs mœurs.

Ils sont heureux. On peut penser que cette affirmation ne me coûte pas cher. Je suis allé me