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le juif errant est arrivé

sait bien qui ont fait toutes ces choses. Et il me demande : « Pourquoi ? »

Surgit un jeune homme :

C’est Habib David Apriat. Son père était professeur d’hébreu, de français et d’arabe. Trois des anciens élèves de son père, sont entrés chez lui, ont tué son papa, ont tué sa maman, ont coupé les doigts à sa sœur qui a fait la morte sur la maman.

David Apriat s’en va, court. Où va-t-il ? Il revient avec sa sœur — moins deux doigts, et tous deux ils me regardent et le jeune homme répète : « Voilà ! Voilà ! »

Un autre apparaît.

— Je m’appelle Abraham Lévy, je suis sujet français. Algérien. Je suis gardien à l’École de l’Alliance israélite. J’ai tout vu. Quand ils sont entrés à l’école, ils ont dit : « Abraham est de nos amis, il ne faut pas le tuer, mais seulement lui couper les mains. » Je m’étais enfui sur le toit. « Abraham ! criaient-ils, où es-tu ? Tu es notre ami, nous ne voulons que te couper une main ! »

Je les connaissais tous. Tous étaient de bons camarades. J’ai pu me sauver.

Et le grand rabbin Ismaël Cohen ?

Trois mois auparavant, me promenant dans le ghetto de Safed, j’avais rendu visite au vieillard.