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le juif errant est arrivé

lustre autant qu’inconnue : la chose datait de 1882. Sauvés des pogromes, ruinés par eux et probablement écœurés, ces Bessarabiens, ces Ukrainiens remplis de littérature biblique, prenant le nom de Chovévés-Sion, d’Amants de Sion, étaient venus, comme à l’âge de l’Arche d’Alliance, marier leur nouvel espoir au sol historique.

Le pays était moins généreux que ne le disait la sainte Thora. Il n’y coulait ni lait ni miel, et d’eau, rien qu’un tout petit peu. Quant aux chants qu’on y entendait, ils n’étaient que ceux des moustiques. Un amant, un jeune amant connaît-il des obstacles ? Il passe par le balcon jusqu’au jour où le balcon cède sous son poids. Il en fut ainsi. Ruinés, battus, malades, exsangues, les Chovévés traînaient, au bout de peu de temps, leur désillusion et leur malaria au pays que Moïse avait lui-même cru plus généreux.

Tous y fussent morts ; un ange passa ! Il laissa tomber de l’argent, de la quinine, et du lait et du miel.

Il parla aux Turcs le langage des carnets de chèques. Comme l’eût fait un État pour une nouvelle colonie, il envoya un résident, des administrateurs, un corps de santé. Il créa des écoles, des