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le juif errant est arrivé

jeune Juif, et quand on est un jeune Juif savant, cette situation honore la famille dans laquelle on entre. Les beaux-parents sont fiers de nourrir un pieux homme qui consacrera sa vie aux connaissances. Avoir un gendre qui sort de la Mesybtha de Varsovie est si flatteur que les pieux orthodoxes, de peur d’en manquer, viennent les prendre au nid. Chaque semaine, le rabbin en chef reçoit la visite de futurs beaux-pères. Il en vient même de New-York, uniquement dans ce but. C’est si vrai que nous en attendons un aujourd’hui.

Le voici. Il n’a ni barbe ni caftan. Cet Américain est un Européen. C’est la deuxième conversation qu’il va engager avec le directeur. Il offre de déposer dix mille dollars d’avance comme dot. Le chèque est prêt. Mais il hésite sur le gendre. Le rabbin en chef lui en a vanté quatre. Sur ces quatre, l’Américain en a retenu deux. Lequel des deux ? Le père spirituel de ces heureux fiancés de loterie ne veut pas peser sur la décision. Allons les voir.

Nous pénétrons dans l’un des cinq ateliers de cette usine intellectuelle. Les cerveaux tournent à plein rendement. Ces machines humaines ne regardent pas davantage le beau-père et le rabbin matrimonial qu’elles ne m’ont regardé. Elles