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le juif errant est arrivé

bités par une vision, le chapeau rond de travers, les papillotes agitées, se balançant frénétiquement d’avant en arrière, de droite à gauche parce que l’étude les enflamme au point qu’ils ne peuvent demeurer immobiles, d’heure en heure élevant le ton, tous rugissaient comme des devins sourds sans s’occuper de leurs voisins. On eût dit une assemblée d’enfants prophètes assis sur la pile de l’inspiration !

Ils travaillent ainsi de seize à dix-sept heures par jour. Qu’apprennent-ils ? D’abord, le Talmud par cœur, les deux Talmud même : celui de Jérusalem et celui de Babylone. Ils se gorgent littéralement de toutes les vieilles traditions rabbiniques. Qu’est-ce qu’un Talmud ? C’est le livre des interprétations que mille rabbins, depuis des millénaires, ont données de la loi de Moïse. C’est l’amour de la discussion poussé jusqu’à la déraison. Le sens et le contresens d’un mot y font l’objet de controverses sans fin. On ne discute pas, par exemple, à la légère, cette parole de Dieu : « Que chacun demeure chez soi et que nul ne sorte de sa place au septième jour. » Quelle est cette place ? Jusqu’où peut-on aller un samedi sans offenser le Seigneur ? Le mot place désigne-t-il les environs immédiats de la maison ? Le village tout entier peut-il