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le juif errant est arrivé

sais les cent pas sous le passage qui y conduisait. Déjà recueillis, les Juifs arrivaient. Ils n’étaient cependant pas sans m’examiner. L’un s’arrêta même dans son pieux élan pour tourner autour de l’inquiétant inconnu que j’étais. Ses yeux perçants violèrent le secret de ma poche.

— Vous pouvez entrer, me dit-il en français, comme s’il avait lu mon passeport au travers de mon pardessus.

Je le suivis. La porte à peine refermée, des bouffées de pieuses rumeurs me suffoquèrent. Tournés vers Jérusalem, les Juifs priaient. Je les voyais de dos. Un châle blanc rayé noir, le taliss, tombait de leur tête jusqu’au milieu des reins. Ainsi, dit-on, Dieu en son temps, apparut à Moïse. Leurs grandes barbes, s’échappant du châle, tremblaient dans la lointaine direction du temple détruit. La prière, de plus en plus, grondait. Sous l’émotion divine, tous ces corps se balançaient comme des barques vides sur une mer agitée. Soudain, j’ouvris plus grands mes yeux. Ces hommes qui, maintenant, se présentaient de profil, étaient changés en licornes. Une corne avait poussé sur leur front ! C’était l’une des boîtes contenant les prières, et l’autre était liée à leur poignet gauche qu’ils pressaient contre leur cœur. Ainsi, la prière dite par