Page:Londres - Le Juif errant est arrivé, 1930.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
le juif errant est arrivé

loin de leur logis. Ils vont, extrêmement satisfaits d’avoir des pieds. Et la boue, giclant en fusée, électrise leur marche. Dans ce ghetto où ils connaissent tout, tout les intéresse. Que c’est beau à regarder la vie ! Qui sait si la foire-choléra, installée en permanence au bout de la rue Zoliborska, ne recèle par un trésor cet après-midi ? Et les voilà fouillant jusque dans les cylindres des machines à désinfecter ! L’un en retire un pantalon ; son caftan lui servant de paravent, il l’essaye ! Adossés contre des baraques, des ambitieux se déchaussent et enfilent de vieux souliers. Je n’ai pas compris pourquoi. Les souliers qu’ils quittent ne sont pas plus usés que ceux qu’ils achètent. Ce doit être par amour du changement ! Demain d’autres acquerront ce que ceux-là, aujourd’hui, abandonnent.

Les recoins de ce Nalewki ne sont pas tous explorés, même de la police. On s’y perd avec frisson et délice. Non le frisson de la crainte, les Juifs ne jouant jamais du couteau ni du revolver, mais le frisson de l’inconnu. Les impasses, les passages dans les maisons, les cours intérieures communiquant avec d’autres cours intérieures, les marchés ouverts qui se tiennent si bien cachés, les innombrables poches de ces marchés, de ces cours, de