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au-dessus des flots atlantiques, trois énormes initiales, N. G. I. : Navigation Générale Italienne. La Royal Mail Line rencontrée plus loin ne me fit plus beaucoup d’effet. Je marchais en pensant que la France était tout de même plus raisonnable. On n’installe pas des compagnies de navigation au sommet d’une montagne d’où l’on n’aperçoit que des mers de glace. Le bon sens, me disais-je, est réellement la qualité maîtresse du Français. Si certains dons nous font défaut, nous avons l’esprit bien balancé. « Hé ! » fit Ben qui, sans piper, écoutait mon monologue ; et, de son doigt, il me montrait : La Transat, compagnie française, Brésil, Argentine, Uruguay.

Pour répondre à une telle provocation, il ne me restait qu’à partir sur-le-champ tendre un calicot au milieu du Pacifique en faveur des Alpes bernoises, lépontiennes et bergamasques !

Le clou, c’était que les Birou di Voïag ne chômaient pas. La foule, sous le froid, attendait à leurs portes comme les passionnés de Manon sur le trottoir de l’Opéra-Comique. Ces futurs voyageurs étaient des montagnards, mal moulés dans un paletot de peau de mouton et bien coiffés d’un bonnet pointu de faux astrakan. Vus de dos, ils ressemblaient à des membres du Ku-klux-kan. Ru-