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le juif errant est arrivé

bugles, ni de grosse caisse. Le pionnier accompagna sa parole de gestes plus secs. Le nom de Théodore Herzl qu’il prononça me parut être une catastrophe. Le rabbin sourit, mais comme à son corps défendant et son visage redevint grave aussitôt. Puis le pionnier cita des noms, des noms de pieux Juifs, certainement ; puis il invoqua d’autres rabbins : rebbe Aron, rebbe Keppler, rebbe Siovits. Puis on pouvait comprendre qu’il retraçait la cérémonie de Yom-Kipour dans la plaine de Jezraël. Le rabbin demeura très affable tout le temps, mais, à la fin, il ne suivait presque plus la démonstration du bon pionnier. Il tenait les yeux levés sans doute vers le lointain Sinaï !

Nous quittâmes le rabbinat.

Alter Fisher était furieux. Il nous menait tambour battant à travers Kichinev. Cela nous réchauffait. Qui leur a mis le Messie dans la tête ? demandait-il, comme si l’élève de la yeschibah l’avait déjà publié ! À force de l’attendre, ils se feront tous égorger. Ils sont comme les habitants du Stromboli qui guettent l’éruption !

— Monsieur Fisher, vous êtes quatorze millions, dont une bonne moitié sur des volcans plus ou moins éteints ; vous ne pouvez tous tenir en Palestine.