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et tirant sur le gris. Mais toutes ces figures de Juifs où vit l’esprit peuvent supporter ce qui ridiculiserait une tête de danseur mondain ! Et la conversation s’engagea en hébreu. Voici comment je l’ai suivie :

Le pionnier, pour s’exprimer, eut d’abord une intonation respectueuse. Au nom de Tel-Aviv, le rabbin, qui ratissait sa barbe avec ses doigts, fit non ! de la tête ; au nom de Jérusalem, il éleva son regard vers le ciel. Le pionnier ouvrit son album, mit le panorama de la nouvelle capitale juive sous les yeux du saint homme, puis il posa son index sur le dôme de la synagogue. Le rabbin alors ouvrit la bouche. Il me sembla qu’il répondait : « Ce serait du beau qu’il n’y eût même pas une synagogue dans votre Tel-Aviv ! » Le pionnier tournait les pages et, sur chaque photo de colonies, cherchait le temple de la Thora. Le rabbin changea de main pour peigner sa barbe. Le pionnier le pria de bien vouloir lire Hathiqwah. Le rabbin prit ses lunettes, n’en passa pas les branches derrière ses oreilles, mais tint l’instrument avec deux doigts. Il lut avec attention jusqu’au bout et rendit le papier au pionnier, sans émoi, pensant certainement qu’un peuple possédant la loi de Moïse n’a besoin ni de trombones, ni de