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le juif errant est arrivé

« À cette époque j’étais un juif-volaille. Les poulets, les canards, on les laisse vivre autour des fermes. Puis, un beau jour, on les attrape, et, sans se cacher, on les saigne. Le sang répandu ne retombe sur personne. L’opération est légale. En Palestine on m’a d’abord appris à me tenir droit. Tiens-toi droit, Ben ! »

La Bessarabie est un nid de Juifs. La Russie des tsars, dans son horreur d’Israël, avait chassé le peuple élu sur ses lisières. Ainsi un grand nombre de Juifs, d’après le jeu des traités, se sont-ils trouvés séparés de la Russie. Ils sont aujourd’hui Lithuaniens, Polonais, Roumains. Ils trempent cependant encore dans la sauce russe, après le yiddisch parlant le russe, bottés court à la russe. Ils grouillent d’un pas assez tranquille dans les rues de Kichinev. Leur petit commerce va petitement, mais comme eux ne vont pas grandement… Bref ! le hareng et l’oignon ne m’ont pas paru manquer.

Alter Fisher s’occupe avec passion. Nous l’avons accompagné, l’après-midi, chez un rabbin qui, comme tous les rabbins, entravait son action nationale. La Bessarabie a donné beaucoup de sionistes. Les purs, les orthodoxes sont donc assez agités. Le rabbin nous reçut avec amabilité. Il était coiffé d’un chapeau trop petit, demi-haut