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le juif errant est arrivé

J’ai été élevé dans une yeschibah (école orthodoxe juive).

Voici la maison du sioniste. Au-dessus de son lit, le portrait de Théodore Herzl.

Le pionnier tire de sa poche un mince carnet bien cartonné ; il le met sous le nez de Ben. Il le tourne et le retourne, lui en montrant plusieurs fois les deux faces. C’est un passeport. Les frontières peuvent de nouveau se déplacer, il ne sera plus sujet russe, ni sujet polonais, ni sujet roumain ou même hongrois, et pourtant Herzl en était un ! Il est maintenant citoyen, citoyen palestinien.

— Citoyen juif, précise-t-il, comme pour chasser de nos esprits une dernière ombre. Et toi, dit-il, à Ben, tu es toujours un sujet, un esclave ?

Ben se défend. Il est Juif. Il fait partie des 180.000 Juifs de Tchécoslovaquie qui se sont déclarés Juifs.

— Tu es Juif par charité. Tu vis sous le drapeau d’un autre.

— Et j’ajoute, dis-je, qu’il préférerait venir à Paris que d’aller à Jérusalem !

Le pionnier lui donna un grand coup amical sur l’épaule. Puis il ouvrit une valise. Des photos ! des albums ! un petit drapeau blanc et bleu, une chanson ayant pour titre : Hathiqwah.