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le juif errant est arrivé

deux. On prit l’un parce qu’il sut mieux s’y prendre. L’autre lui lança une apostrophe, mais sans colère, plutôt ironiquement. Les deux étaient Juifs et parlaient yiddisch, et le malchanceux envoyait à l’autre : « Chenapan ! tu es Roumain et tu oublies de parler roumain ! »

Nous nous mettions à la recherche de la famille Meiselmann. Aux enseignes des rues les mêmes noms qu’aux enseignes de Whitechapel. Ces boutiques semblaient être les succursales de celles du quartier de Londres. Pour le peintre, les Juifs de ces régions ne valent pas les Juifs des Marmaroches. Les papillotes sont plus rares, le caftan n’est pas de rigueur, la barbe s’est un peu civilisée. On ne les confond cependant pas avec les Roumains, le poil, les yeux, le teint, la manière sont d’une autre race. La misère n’est plus impérative, ce sont de tout petits boutiquiers, de ces gens qui en des temps de monnaie sonore vivraient de pièces de bronze plutôt que de pièces d’argent.

Ben frappa le dos du cocher. On descendit du traîneau. Il avait retrouvé les siens. Entrons ! me dit-il. L’enseigne de la boutique portait : Galanterie. Quel commerce ! Ben m’expliqua que ses parents, issus de Petite-Pologne, s’étaient mal