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le juif errant est arrivé

sons à Proskourov : les tueries étaient, jusqu’à présent, suivies de pillages. On voyait même souvent les paysans qui, eux, ne participaient pas à la fête de sang, accourir avec des paniers et des hottes au son du massacre pour récolter les restes des cosaques. L’affaire de Proskourov revêt un caractère sacré. La tuerie ne serait pas la préparation au pillage. On tuerait sans intérêt, par devoir. L’ataman Semossenko le fait jurer à ses compagnons, sur l’étendard : les mains dans le sang mais propres !

Et la compagnie, musique en tête, ambulance en queue, se met en marche. Elle traverse Proskourov, arrive au ghetto et commence le travail. La pureté des intentions exige que l’on opère à l’arme blanche. Par groupes d’une quinzaine d’hommes, ils entrent dans les maisons et, des magasins aux étages, sans perdre leur temps dans les escaliers, ils embrochent à la baïonnette tous les Juifs rencontrés. Les cosaques ne tirent que lorsque les Juifs, mal tués, arrivent à s’échapper. Tout est fouillé, jusqu’aux berceaux ! À ceux qui offrent de l’argent pour éloigner la mort, ils répondent : « Nous n’en voulons qu’à votre vie. » Un prêtre, crucifix en mains, sort d’une église et les supplie, au nom du Christ, d’arrêter le massacre. Ils tuent le prêtre. On attache les enfants sur le cadavre chaud des