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le juif errant est arrivé

Il répondit qu’il aimait et craignait Dieu. Je le remis sur Jérusalem. Il répondit que les temps n’étaient pas encore venus. Je lui demandai d’où il tenait sa certitude. Il répondit du zadick. — Et d’où le zadick tenait-il la sienne ? — Il répondit que le zadick de Vichnitz parlait à Dieu ainsi qu’au prophète Élie et que, l’heure du retour ayant sonné, l’un ou l’autre ne manquerait certainement pas de le faire savoir au zadick.

Ben et Salomon s’échauffaient contre ces rabbins miraculeux. Ils me prenaient à témoin qu’ils étaient les responsables de tant de ténèbres. Savez-vous que des Marmaroches à la Galicie, de la Transylvanie à la Bessarabie, de la Bukovine à l’Ukraine, de Varsovie à Vilna, ils sont plus de six millions dans cet état physique et moral ? Tenez ! Voilà ce qu’ils font des Juifs :

Solitaires, n’ayant même plus de caftan, recouverts de nippes, dons des villes, ou de vieux châles, comme de vieilles femmes, des Juifs descendaient, transis, des pentes de la montagne, un petit paquet sous le bras ou à la main. Que font-ils ? Où vont-ils ? Pourquoi sont-ils toujours sur les routes ? Les Ruthéniens que l’on voit sont autour de leur maison. Ils n’ont pas le baluchon du chemineau ni le bâton du pèlerin. Enracinés, ils