Vers onze heures, nos pas nous ramenèrent près de l’hôtel de Pékin. On entra. À peu de choses, cela valait la vue de l’hôtel des Wagons-Lits. Au bar, Nachbaur prenait déjà ses quotidiennes coupes de champagne. Il se tapait sur la bedaine et disait : « Vive le citoyen chinois ! » Deux cents épileptiques l’interrogeaient comme un oracle : « Quelles nouvelles, M. Nachbaur ? » Le confrère tirait sa montre : « Onze heures ! faisait-il. À midi, Tsang Tso lin sera ici. » Les Chinois pépiaient.
— Allons, ne vous désolez pas. Vous avez à vos portes mille policiers payés d’hier et huit mitrailleuses, vous trouvez que cela n’est pas suffisant ?
— Non, monsieur ! huit mitrailleuses ce n’est pas suffisant.
— Et pourquoi, messieurs ?
— Parce que Pékin a neuf portes, monsieur !
On entendait toujours le canon.
À trois heures de distance, un journal anglais annonça la mort de Wou-Pé-Fou, le tigre aux dents de feu (il avait des dents en or) et celle de Tsang-Tso-lin, le lion sans crinière (il était tondu).
La panique devint échevelée.