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CHEZ LES FOUS

Elle est jolie, Mlle Suzanne. Grâce et douceur sont les signes extérieurs de sa folie. Elle cherche évidemment quelque chose. Ce n’est pas le cœur, elle l’a trouvé, c’est donc la chaumière.

— Oh ! emmenez-moi, docteur.

— Allons, fait la religieuse, qui décroche elle-même du bras du docteur la main éloquente de la belle fiancée volontaire.

Dans un long couloir où nous nous en allons, l’enfant suit à trois pas, comme les femmes d’Orient. Cette jeune fille, dis-je, ne semble posséder d’autre folie que celle du printemps et de la jeunesse. Ce mal n’est-il de ceux qui s’apaisent avec agrément ?

— Pour renaître peu après, fait le docteur. En tout cas, ce n’est pas là ma mission…

Nous sommes arrivés à la porte. Chaque matin, à cet endroit, a lieu la scène de la séparation. Le docteur doit repousser dans le quartier l’amoureuse qui lui parle avec toute l’éloquence d’un trop clair regard. Elle insiste, mais elle n’est pas la plus forte. Le docteur est enfin sorti du péril.

Alors Mlle Suzanne va s’asseoir sur un banc. Elle reste longtemps immobile, noyée dans son