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monté ; il marche comme un pantin à manivelle, si vite qu’on ne peut le suivre. Il ne parle plus, mais il comprend encore. Il a compris que c’était la gare de Santa-Izabel.

Il a fait soixante kilomètres à pied, en pleine agonie !

Il arrive. Il s’effondre.

Le train s’en va à quatre heures du soir, pour Belem. Les jours ordinaires, cela coûte un milreis deux cents. Aujourd’hui, dimanche de carnaval, paraît-il, le prix est de deux milreis neuf cents. On en pleurerait. On n’a pas de quoi prendre le train !

Des gens s’approchent. On leur vend notre plan. On trouve toujours à vendre cet instrument, c’est si peu ordinaire ! Une femme nous achète des bananes. Maintenant nous avons l’argent.

Quatre heures arrivent. Nous montons dans un wagon. Des banquettes ! On s’assoit, un peu hallucinés par la souffrance et la faim.