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champs. Et au milieu du chemin était arrêtée une puissante automobile d’excursion. Plusieurs cadavres gisaient dans la voiture et autour. L’histoire se racontait d’elle-même. Les voyageurs, fuyant la ville, avaient été attaqués et arrachés de leurs sièges par une bande de faubouriens, d’apaches. L’affaire datait de moins de vingt-quatre heures. Des boîtes de viande et de fruit récemment ouvertes expliquaient le mobile de l’attaque. Dakon examina les corps.

— Je m’en doutais, déclara-t-il. J’ai voyagé dans cette voiture. Ce sont les Perriton, toute la famille. Prenons bien garde à nous-mêmes désormais.

— Mais nous n’avons pas de provisions pouvant provoquer cette attaque, observais-je.

Dakon montra du doigt sa monture, et je compris.

Au début de la journée, le cheval de Dakon avait perdu un fer. Le sabot s’était fendu, et vers midi la pauvre bête boitait. Dakon refusa de la monter plus longtemps, et aussi de l’abandonner. Sur ses instances, nous poursuivîmes notre route. Il nous rejoindrait à ma maison de campagne en conduisant son cheval par la bride. Nous ne devions plus le revoir, et aucun de nous ne sut jamais comment il était mort.

Vers une heure, nous arrivâmes à Menlo, ou plutôt à l’emplacement de cette ville, car elle était en ruines. De tous cô-