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sur notre droite des cris et des coups de feu, tandis que des balles sifflaient à dangereuse proximité. Des craquements se produisirent dans un fourré et un superbe cheval noir de trait traversa la route et disparut devant nous. À peine avions-nous eu le temps de remarquer qu’il saignait et boitait. Il était poursuivi par trois soldats, et la chasse continua dans les terrains boisés à notre gauche. Nous entendions les soldats se héler mutuellement. Un quatrième apparut sur la droite au bord de la route. Il boitait. Il s’assit sur un rocher et épongea son visage en sueur.

— Des miliciens, murmura Dakon. Des déserteurs.

L’homme grimaça un sourire et nous demanda une allumette.

En réponse à Dakon qui l’interrogeait sur les événements, il nous informa que les miliciens désertaient en masse. – Rien à bouffer, expliqua-t-il. On donne toute la mangeaille aux soldats réguliers.

Il nous apprit aussi qu’on avait libéré les prisonniers militaires de l’île Alcatraz, parce qu’on ne pouvait plus les nourrir.

Jamais je n’oublierai le spectacle qui plus loin s’offrit à nos yeux de façon soudaine à un tournant de la route. Les branches des arbres se rejoignaient au-dessus de nos têtes et le soleil filtrait au travers. Des papillons voletaient et le ramage d’une alouette nous parvenait des