Page:London - Le rêve de Debs, trad Postif, paru dans Regards du 7 au 28 mai 1936.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la bête. Ils jouaient le même jeu que nous.

Pensant qu’il y en aurait assez pour tous, nous rebroussâmes chemin. La scène qui suivit défie toute description. Nous luttions et nous nous démenions comme des sauvages. Brentwood, je m’en souviens, avait l’air d’une parfaite brute, grognant, happant les morceaux et menaçant de tuer si on ne nous laissait pas une part suffisante.

Nous tenions déjà notre part lorsqu’une nouvelle irruption se produisit sur la scène. Nous avions affaire, cette fois, aux redoutables agents volontaires de la I. L. W., que la fillette était allée chercher. Au nombre d’une vingtaine, ils étaient armés de fouets et de casse-têtes. La petite fille, les joues inondées de larmes, tressautait de colère en criant : « Allez-y ! Tapez dessus ! Ce mannequin à lunettes, tenez, c’est lui qui a fait le coup ! Cassez-lui la figure ! »

Le mannequin à lunettes, c’était moi, et j’eus la figure suffisamment démolie, bien qu’ayant pris la précaution d’enlever mes verres séance tenante. Nous reçûmes une volée carabinée et nous nous dispersâmes dans toutes les directions. Brentwood, Halstead et moi courûmes vers l’auto. Brentwood saignait du nez et la joue de Halstead portait une marque de fouet sanguinolente.