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De bonne heure, je découvris que je ne posséderais rien sans me le procurer moi-même. Ma sordide enfance développa en moi des sentiments mesquins. Mes premiers biens furent des images, des réclames et des albums de photographies comme on en trouve dans les boîtes de cigarettes. je ne pouvais disposer de mes gains ; aussi, pour acquérir ces trésors, devais-je vendre des journaux en supplément. Je trafiquais avec les autres garçons les images que j’avais en double, et comme je circulais dans tous les coins de la ville, les occasions ne me manquaient pas de pratiquer ce petit commerce.

Avant peu, j’eus complété les séries lancées par tous les fabricants de cigarettes — telles que grands chevaux de course, beautés parisiennes, femmes de tous les pays, drapeaux de toutes les nations, artistes célèbres, champions de boxe, etc… Et je possédais chaque série sous les trois formes : la carte enclose dans le paquet de cigarettes, l’affiche et l’album.

Ensuite, je me mis à thésauriser les séries en double, ainsi que les albums. Je négociais d’autres objets que les gosses apprécient et que d’ordinaire ils achètent avec l’argent reçu de leurs parents. Bien entendu, comme je n’avais jamais reçu un cent pour acheter la moindre chose, je possédais, plus qu’aucun d’eux, le sens méticuleux des valeurs. Je troquais des timbres-poste, des minéraux, des curiosités, des œufs d’oiseaux, des billes (entre autres une magnifique collection d’agates dont je n’avais jamais vu la pareille entre les mains d’autres garçons et le clou de la collection consistait en une poignée de billes en marbre, valant au moins trois dollars,