homme, et avec toute sa fragilité humaine, il attaque de front un taureau sauvage qu’il tue d’un coup d’épée, une simple et mince épée, comme cela !… droit au cœur du mastodonte ! Spectacle sublime, qui fait battre le cœur, ce petit être humain, ce monstre en face de lui, cette couche de sable, ces milliers de gens suspendant leur souffle ! La grosse bête se lance à l’attaque, l’homme chétif, immobile comme une statue, ne bronche pas d’un muscle, il ne tremble pas et dans sa main l’épée légère brille comme du vif-argent au soleil. Plus près, toujours plus près, le taureau fonce sur cette proie figée. L’homme ne bronche toujours pas ! Puis, tout d’un coup — comme cela ! — l’épée scintille, s’allonge, le coup est porté au cœur, jusqu’à la garde, le taureau s’écroule mort sur le sable, l’homme reste indemne ! C’est courageux, magnifique !… Ah ! je voudrais aimer un toréador. Mais l’homme qui se bat à coups de poing pour de l’argent, c’est la bête humaine, le fou furieux qui reçoit une grêle de coups sur sa face stupide, et s’en délecte ! Allons !
Page:London - La Folie de John Harned, paru dans Gringoire, 21 mai 1937.djvu/10
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