Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inspirait pas d’antipathie. Loin d’éprouver un légitime désir de fuir, il se sentait au contraire attiré vers lui, il ne savait pourquoi. Un peu plus âgé, il aurait compris qu’il était surtout séduit par les bonnes qualités de son compagnon : son sang-froid et sa confiance en lui-même, sa virilité et son courage, ainsi qu’une certaine bonté, une tendresse naturelle. Il en conclut que sa propre perversité l’empêchait de détester Frisco Kid et, tout en rougissant de sa faiblesse, il ne parvenait point à étouffer l’affection croissante qu’il ressentait pour le jeune pirate de la baie.

« Rentre de deux ou trois pieds la remorque », dit Frisco Kid à qui rien n’échappait.

Le youyou, dont la remorque était trop longue, se comporta, en effet, de façon dangereuse. À tout moment il s’arrêtait jusqu’à ce que le rappel de la remorque brusquement tendue lui fît faire un saut en avant. Puis, il embardait et laissait la remorque mollir, menaçant de plonger du nez sous les lames déferlantes qui mugissaient de tous côtés.

Joë enjamba l’hiloire du cockpit et, sur le pont arrière glissant, s’efforça d’atteindre la bitte autour de laquelle la remorque était amarrée.

« Attention ! avertit Frisco Kid, comme un coup de vent frappant le Dazzler le couchait sur le côté. Conserve un tour de bitte et hale dessus quand la remorque viendra à mollir. »

Tâche extrêmement ardue pour un novice. Joë défit tous les tours, sauf le dernier, et s’efforça de tirer sur la bosse. Mais à cet instant la corde se raidit avec une formidable secousse et le bateau fit