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d’affection qu’il n’osait se l’avouer et il se sentit soudain anime d’un zèle de missionnaire.

« Dès que j’aurai mis la main sur quelque chose d’autre je le quitterai.

— Pourquoi pas tout de suite ? »

Tout de suite est le moment favorable ! Ces mots résonnèrent dans les oreilles de Joë. Si son compagnon avait réellement l’intention de partir, Joë ne voyait pas pour quelle raison il ne mettrait point, sans plus tarder, son projet à exécution.

« Mais où aller ? Que faire ? Je ne connais personne au monde pour me prêter la main. J’ai tenté une fois de fuir ce milieu, je sais ce qu’il m’en a coûté. Je ne suis pas pressé de recommencer.

— Une fois que nous serons sortis d’ici, je retournerai à la maison. Après tout, mon père avait raison. Et je ne vois pas… peut-être… eh ! ma foi oui ! pourquoi ne viendrais-tu pas avec moi ? »

Il avait prononcé cette phrase sans réfléchir, impulsivement, et ce détail n’avait point échappé à Frisco Kid.

« Tu ne sais pas ce que tu dis, répondit-il. Moi, m’en aller avec toi ? Tu veux rire. Que dirait ton père ? Et… les autres ? Que penseraient-ils de moi ? Et que feraient-ils ? »

Joë ressentit un pincement au cœur. Il commençait à comprendre que, sous l’enthousiasme du moment, il avait fait une invitation absolument impossible à réaliser. Il essaya de s’imaginer son père recevant chez lui cet inconnu, Frisco Kid… non, mieux valait n’y pas songer.

Oubliant ses propres ennuis, il se creusa la cervelle