au poignet, semblait avoir passé dans une machine à battre, tant les crocs et les griffes l’avaient ravagé. Mais cela ne comptait pas, disait-il ; malheureusement les blessures anciennes l’agaçaient un peu par les temps pluvieux.
Tout à coup, un souvenir illumina son visage, car il était vraiment aussi désireux de me raconter une belle histoire que moi de l’écouter.
— Vous avez certainement entendu parler de ce dompteur de lions qu’un autre homme haïssait ? commença-t-il.
Il fit une pause et considéra d’un air pensif un lion malade dans une cage voisine.
— Celui-là souffre des dents, expliqua-t-il. Eh bien ! le clou du travail de ce dompteur consistait à fourrer sa tête dans la gueule d’un lion. L’homme-qui-le-haïssait assistait à toutes les représentations dans l’espoir qu’un jour le lion refermerait les mâchoires. Il accompagnait partout la ménagerie.
« Un soir, assis au premier rang, il vit enfin ce qu’il attendait depuis si longtemps. Le lion serra les dents et on n’eut pas même besoin d’appeler un mé-