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cesse contre elle, plus profondément, et l’endormir.

Ainsi se passa, en majeure partie, le premier mois de la vie du louveteau. Puis ses yeux s’ouvrirent et il apprit à connaître plus nettement le monde qui l’entourait.

Ce monde était baigné d’obscurité, mais il l’ignorait, car il n’avait jamais vu d’autre monde. La lumière que ses yeux avaient perçue était infiniment faible, mais il ne savait pas qu’il y eût une autre lumière. Son monde aussi était très petit. Il avait pour limites les parois de la tanière. Le louveteau n’en éprouvait nulle oppression, puisque le vaste monde du dehors lui était inconnu.

Il avait, cependant, rapidement découvert que l’une des parois de son univers, l’entrée de la caverne, par où filtrait la lumière, différait des autres. Il avait fait cette découverte, encore inconscient de sa propre pensée, avant même que ses yeux se fussent ouverts et eussent regardé devant eux. La lumière avait frappé ses paupières closes, produisant, à travers leur rideau, de légères pulsations des nerfs optiques, où s’étaient allumés de petits éclairs de clarté, d’une impression délicieuse. Vers la lumière avait, en une attraction irrésistible, aspiré chaque fibre de son être vivant, vers elle s’était tourné son corps, comme la substance chimique de la plante vire d’elle-même vers le soleil.

Il avait, dès lors, mécaniquement rampé vers l’entrée de la caverne, et ses frères et sœurs avaient agi comme lui. Pas une fois ils ne s’étaient dirigés vers les sombres retraits des autres parois.