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Œil courut en avant, suivi de la louve, et avec toutes les précautions nécessaires. Les coussinets naturels qu’ils avaient sous la plante de leurs pieds s’imprimaient sur la neige, silencieux et moelleux comme un capiton de velours.

Le loup découvrit une petite tache blanche qui, légèrement, se mouvait sur le sol blanc. Il accéléra son allure, déjà rapide. Devant lui, bondissait la petite tache blanche.

Le sentier où il courait était étroit et bordé, de chaque côté, par des taillis de jeunes sapins. Il rattrapa la petite tache blanche et bond par bond l’atteignit. Il était déjà dessus. Un bond de plus, et ses dents s’y enfonçaient. Mais, à cet instant précis, la petite tache blanche s’éleva en l’air, droit au-dessus de sa tête, et il reconnut un lapin-de-neige[1] qui, pendu dans le vide, à un jeune sapin, bondissait, sautait, cabriolait en une danse fantastique.

Un-Œil, à ce spectacle eut un recul effrayé. Puis il s’aplatit sur la neige, en grondant des menaces à l’adresse de cet objet, dangereux peut-être et inexplicable. Mais la louve, étant arrivée, passa avec dédain devant le vieux loup. S’étant, ensuite, tenue tranquille un moment, elle s’élança vers le lapin qui dansait toujours en l’air. Elle sauta haut, mais pas assez pour atteindre la proie convoitée, et ses dents claquèrent les unes contre les autres, avec un bruit métallique. Elle sauta, une seconde fois, puis une troisième.

  1. Littéralement un « lapin chaussé de neige ». C’est une espèce de lapins blancs. (Note des Traducteurs.)