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II

LA LOUVE


Le déjeuner terminé et le rudimentaire matériel du campement rechargé sur le traîneau, les deux hommes tournèrent le dos au feu joyeux et poussèrent de l’avant dans les ténèbres qui n’étaient point encore dissipées. Les cris d’appel, funèbres et féroces, continuaient à retentir et à se répondre dans la nuit et le froid. Ils se turent quand le jour, à neuf heures, commença à paraître. À midi, le ciel, vers le Sud, parut se réchauffer et se teignit de couleur rose. La ligne de démarcation se dessina, que met la rondeur de la terre entre les pays méridionaux, où luit le soleil, et le monde du Nord. Mais la couleur rose, rapidement, se fana. Un jour gris lui succéda, qui dura jusqu’à trois heures, puis disparut à son tour, et le pâle crépuscule arctique redescendit sur la terre solitaire et silencieuse. Lorsque l’obscurité fut revenue, les cris de chasse, à droite, à gauche, recommencèrent, provoquant parmi les chiens, tout harassés qu’ils fussent, de folles paniques.

— Je voudrais bien, dit Bill, en remettant, pour la vingtième fois, les chiens dans le droit sentier,