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que trois heures encore ne se fussent écoulées. Il se mit, dans l’obscurité, à préparer le déjeuner, tandis que Bill roulait les couvertures et disposait le traîneau pour le départ.

— Dites-moi, Henry, demanda-t-il soudainement. Combien de chiens prétendez-vous que nous avons ?

— Six.

— Erreur ! s’exclama Bill, triomphant.

— Sept, de nouveau ? questionna Henry.

— Non. Cinq ! Un est parti.

— L’Enfer ! cria Henry, avec colère.

Et quittant sa besogne pour venir compter ses chiens :

— Vous avez raison, Bill, Boule-de-Suif[1] est parti.

— Il s’est éclipsé avec la rapidité d’un éclair. La fumée nous aura caché sa fuite.

— Ce n’est pas de chance, pour lui ni pour nous. Ils l’auront avalé vivant. Je parie qu’il hurlait comme un damné, en descendant dans leur gosier. Malédiction sur eux !

— Ce fut toujours un chien fou, observa Bill.

— Si fou qu’il soit, comment un chien a-t-il été assez fou pour se suicider de la sorte ?

Henry jeta un coup d’œil sur les survivants de l’attelage, supputant mentalement ce que l’on pouvait pénétrer de leur caractère et de leurs aptitudes.

— Pas un de ceux-ci, je le jure bien, ne consentirait à en faire autant. On frapperait dessus

  1. Fatty.