Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

calier et le hall s’emplirent de lumière. Accompagné du juge Scott, il descendit avec précaution, revolver en main. Mais il n’y avait plus de danger. Parmi le naufrage des meubles renversés et disloqués, étendu sur le côté, cachant du bras son visage, un homme gisait. Weedon Scott se pencha sur lui, déplia son bras et tourna sa face vers la lumière. Par la gorge ouverte la vie s’était enfuie.

— Jim Hall ! dit le juge Scott.

Le père et le fils se regardèrent et se comprirent.

Ils se retournèrent ensuite vers Croc-Blanc. Lui aussi était couché sur le flanc, les yeux clos. Sa paupière se souleva légèrement. Il regarda ceux qui étaient inclinés sur lui et sa queue eut un mouvement, à peine visible, pour saluer son maître. Weedon Scott le caressa et, de son gosier, sortit un ronron reconnaissant. Mais les paupières se refermèrent bientôt et le corps retomba, comme un sac, sur le plancher.

Un chirurgien fut, sur-le-champ, mandé par téléphone. L’aube blanchissait les fenêtres lorsque l’homme de l’art arriva.

— Sincèrement, il a une chance sur mille d’en revenir, prononça-t-il après une heure et demie d’examen. Une patte cassée ; trois côtes brisées, dont une au moins a perforé le poumon ; sans parler de tout son sang qu’il a perdu et de probables lésions internes. Sans doute a-t-il été projeté en l’air. Je passe sur les trois balles qui l’ont traversé de part en part. Une chance sur mille est trop d’optimisme. Il n’en a pas une sur dix mille.