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— Coupez court à vos adieux, Mister Scott ! Sortez par la porte de devant et fermez-la vivement. J’en ferai autant avec celle de derrière.

Les deux portes claquèrent en même temps, avec un bruit sec, scandé bientôt par un gémissement lugubre et un sanglot, suivis de longs reniflements.

— Matt, vous prendrez bien soin de lui, dit Scott, comme ils descendaient la pente de la colline. Vous m’écrirez et me ferez savoir comment il se conduit.

— Je n’y manquerai pas. Mais écoutez ceci…

Les deux hommes s’arrêtèrent. Croc-Blanc hurlait comme font les chiens quand leurs maîtres sont morts. Il vociférait sa désespérance. Sa clameur montait en notes aiguës et précipitées ; puis elle retombait, en un trémolo misérable, comme prête à s’éteindre, pour éclater à nouveau en explosions successives.

L’Aurora était le premier bateau de l’année qui quittait le Klondike. Ses ponts étaient bondés de chercheurs d’or qui s’en retournaient, les uns après fortune faite, les autres en pitoyable détresse, tous aussi ardents à repartir qu’ils avaient été enragés à venir.

Près de l’échelle du bord, Scott serrait la main de Matt, qui se préparait à redescendre à terre. Mais Matt, sans répondre à cette étreinte, restait les yeux fixés sur quelque chose qu’il voyait à deux pas de lui, derrière le dos de Scott. Scott se retourna. Assis sur le pont, Croc-Blanc attendait.

Les deux hommes échangèrent quelques mots, affirmant chacun qu’ils avaient bien fermé leur