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semblait l’étreindre, de ne pouvoir physiquement exprimer son amour et tout ce qu’il sentait.

Il ne tarda pas à comprendre qu’il devait laisser en repos les chiens de son maître. Après leur avoir fait reconnaître sa maîtrise sur eux et sa supériorité d’ancien chef de file, il ne les troubla plus. Mais ils devaient s’effacer devant lui, quand il passait, et lui obéir en tout ce qu’il exigeait. Pareillement, il tolérait Matt, comme étant une propriété de son maître. C’était Matt qui, le plus souvent, lui donnait sa nourriture ; mais Croc-Blanc devinait que cette nourriture lui venait de son maître. Ce fut Matt aussi qui tenta le premier de lui mettre des harnais et de l’atteler au traîneau, en compagnie des autres chiens. Matt n’y réussit pas. Il ne se soumit qu’après l’intervention personnelle de Scott. Ensuite il accepta, par l’intermédiaire de Matt, la loi du travail, qui était la volonté de son maître. Il ne fut satisfait, toutefois, qu’après avoir repris, en dépit de Matt qui ignorait ses capacités, son ancien rôle de chef de file.

— S’il m’est permis, dit Matt un jour, d’expectorer ce qui est en moi, je mets en fait, Mister Scott, que vous fûtes bien inspiré en payant pour ce chien le prix que vous en avez donné. Vous avez proprement roulé Beauty-Smith, abstraction faite des coups de poing dont vous l’avez gratifié.

Pour toute réponse, Weedon Scott fit briller dans ses yeux gris un éclair de l’ancienne colère et murmura, à part lui : « La brute ! »

Au printemps suivant, Croc-Blanc eut une grande émotion. Le maître d’amour disparut. Divers em-