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Mais Scott secoua la tête, bien décidé à gagner la confiance de Croc-Blanc, qui demeurait soupçonneux. Quel événement se préparait ? Il avait tué le chien du dieu, mordu le dieu qui était son compagnon. Un châtiment terrible ne pouvait manquer. Hérissé, montrant ses crocs, les yeux alertes, tout son être en éveil, il se tenait en garde. Le dieu n’avait pas de gourdin. Il souffrit qu’il s’approchât tout près de lui. La main du dieu s’avança et se mit à descendre sur sa tête. Il se courba et tendit ses nerfs. N’était-ce pas le danger qui prenait corps ? Quelque trahison qui se préparait ? Il connaissait les mains des dieux, leur puissance surnaturelle, leur adresse à frapper. Puis il n’avait jamais aimé qu’on le touchât. Il gronda, plus menaçant, tandis que la main continuait à descendre. Il ne désirait point mordre cependant et il laissa le péril inconnu s’approcher encore. Mais l’instinct de la conservation surgit, plus impérieux que sa volonté, et l’emporta.

Weedon Scott s’était cru assez vif et adroit pour éviter, le cas échéant, toute morsure. Il ignorait la rapidité déconcertante avec laquelle, pareil au serpent qui se détend, frappait Croc-Blanc. Il poussa un cri, en sentant qu’il était atteint, et prit sa main blessée dans son autre main.

Matt était entré dans la cabane et en sortait avec un fusil.

— Ici, Matt ! cria Scott. Que prétendez-vous ?

— Je vous ai fait une promesse, tout à l’heure répondit Matt, froidement. Je vais la tenir. J’ai dit que je le tuerais moi-même, à son prochain méfait.