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ne lui était laissé. Dès qu’il se couchait pour dormir, un coup de bâton le réveillait.

Entre-temps, et dès qu’un combat pouvait être organisé, il était sorti de sa cage et conduit au milieu des bois, à quelques milles de la ville. L’opération s’effectuait d’ordinaire pendant la nuit, pour éviter l’intervention des policiers à cheval du territoire. Après plusieurs heures d’attente, au point du jour, arrivaient et l’assistance, et le chien contre lequel il devait combattre.

Il eut pour adversaires des chiens de toutes tailles et de toutes races. On était en terre sauvage, sauvages étaient les hommes, et la plupart des rencontres étaient à mort. La mort était pour les chiens, cela va de soi, puisque Croc-Blanc continuait à combattre. Il ne connaissait toujours pas de défaite. L’entraînement auquel il s’était livré avec Lip-Lip et les jeunes chiens du camp indien, lui servait, à cette heure. Pas un de ses adversaires n’arrivait à le culbuter. Chiens du Mackenzie, chiens esquimaux ou du Labrador, mastocs ou malemutes, chiens aboyeurs et chiens muets, tous étaient impuissants contre lui[1]. Jamais il ne perdait pied. C’est là que le public

  1. Deux sortes de chiens sont employés dans l’Amérique du Nord, pour l’attelage des traîneaux : le chien du Labrador et le Malemute, ou chien-loup, qui n’aboie pas à la manière des chiens ordinaires, mais seulement grogne et hurle, comme font les loups. C’est à cette race que se rattache Croc-Blanc. Le Malemute est un voleur expert. Il retirera fort bien les chaussures de cuir d’un dormeur, pour s’en faire un repas. Demeuré à demi sauvage, il combat comme font les loups, par morsures et bonds alternés et jusqu’à ce que mort s’ensuive, pour son adversaire ou pour lui-même. (Note des Traducteurs.)